Le lissage brésilien fait rêver de nombreuses femmes en quête de cheveux parfaitement lisses et brillants. Cette technique capillaire, devenue très populaire ces dernières années, promet des résultats durables pour dompter les cheveux frisés ou bouclés. Pourtant, derrière cette promesse de beauté se cachent des risques du lissage brésilien bien réels que les autorités sanitaires ne cessent d’alerter.
Depuis 2024, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) tire la sonnette d’alarme. Plusieurs cas d’insuffisance rénale aiguë ont été signalés après des séances de lissage brésilien. Une situation préoccupante qui pousse aujourd’hui les experts à reconsidérer cette pratique esthétique apparemment anodine.
Qu’est-ce que le lissage brésilien exactement ?
Le lissage brésilien est une technique de coiffure qui vise à modifier temporairement la structure capillaire. Contrairement à ce que son nom pourrait laisser penser, ce procédé ne vient pas nécessairement du Brésil mais s’inspire de méthodes développées en Amérique du Sud.
Cette méthode fonctionne en créant une enveloppe protectrice autour de chaque fibre capillaire. Les produits utilisés contiennent des agents chimiques qui pénètrent dans la cuticule du cheveu pour le lisser de l’intérieur. Le traitement nécessite l’utilisation de fer à lisser ou de plaques chauffantes pour activer les composants chimiques.
Les risques du lissage brésilien proviennent principalement des substances chimiques employées dans les formulations. Parmi elles, l’acide glyoxylique occupe une place centrale dans les préoccupations actuelles des autorités sanitaires. Cette molécule, utilisée pour ses propriétés lissantes, présente des dangers insoupçonnés pour l’organisme.
Le processus dure généralement entre deux et quatre heures en salon. Les cheveux sont d’abord lavés avec un shampoing spécifique, puis le produit lissant est appliqué mèche par mèche. Après un temps de pose, les cheveux sont séchés et lissés à haute température pour fixer le traitement.
Lissage brésilien et insuffisance rénale aiguë : une alerte majeure
L’année 2024 a marqué un tournant dans la perception des risques du lissage brésilien. L’Anses a reçu quatre signalements d’insuffisance rénale aiguë directement liés à l’utilisation de produits de lissage contenant de l’acide glyoxylique. Ces cas, bien que limités en nombre, révèlent une toxicité rénale préoccupante.
L’insuffisance rénale aiguë se caractérise par une chute brutale de la fonction rénale. Les reins ne parviennent plus à filtrer correctement les déchets du sang, provoquant une accumulation de toxines dans l’organisme. Les symptômes incluent une diminution de la production d’urine, des œdèmes, de la fatigue et parfois des nausées.
Heureusement, les personnes touchées ont pu guérir après un traitement médical approprié. Cependant, cette situation soulève des questions sur le nombre réel de victimes. Combien de cas passent inaperçus ? Combien de personnes attribuent leurs symptômes à autre chose qu’à leur dernière séance de lissage ?
L’acide glyoxylique, responsable de ces complications, pénètre dans l’organisme par le cuir chevelu. Une fois dans la circulation sanguine, cette substance peut causer des dommages irréversibles aux reins si elle n’est pas rapidement éliminée. La gravité des risques du lissage brésilien dépend de plusieurs facteurs : la concentration du produit, la durée d’exposition et la sensibilité individuelle.
Les mécanismes de la toxicité rénale
Pour comprendre les risques du lissage brésilien, il faut s’intéresser au mode d’action de l’acide glyoxylique dans l’organisme. Cette substance chimique traverse facilement la barrière cutanée, particulièrement au niveau du cuir chevelu où la peau est fine et vascularisée.
Une fois absorbé, l’acide glyoxylique subit des transformations métaboliques dans le foie. Ces réactions produisent des métabolites toxiques qui se dirigent vers les reins pour être éliminés. Malheureusement, ces déchets peuvent s’accumuler et endommager les structures rénales délicates.
La dose toxique varie selon les individus, mais même de faibles quantités peuvent provoquer des réactions chez certaines personnes sensibles. Les facteurs de risque incluent l’âge, l’état de santé général, la prise de médicaments et la fonction rénale préexistante.
Formation de cristaux d’acide oxalique au niveau rénal
L’un des mécanismes les plus inquiétants des risques du lissage brésilien concerne la formation de cristaux dans les reins. Lorsque l’acide glyoxylique pénètre dans la circulation sanguine, il se transforme en acide oxalique par des réactions enzymatiques complexes.
Cet acide oxalique se combine ensuite avec le calcium présent dans le sang pour former des cristaux d’oxalate de calcium. Ces cristaux, insolubles dans l’eau, ont tendance à précipiter dans les tubules rénaux, ces petits conduits où s’effectue la filtration de l’urine.
L’accumulation de ces cristaux peut obstruer partiellement ou totalement les tubules, empêchant le bon fonctionnement du rein. Cette obstruction provoque une inflammation locale et peut conduire à une nécrose des tissus rénaux si elle persiste. Les conséquences à long terme peuvent inclure une insuffisance rénale chronique nécessitant une dialyse ou une transplantation.
Le processus de cristallisation dépend de plusieurs facteurs : la concentration d’acide oxalique, le pH urinaire, la présence d’inhibiteurs naturels et l’hydratation de la personne. Une déshydratation, même légère, favorise la formation de cristaux et augmente les risques du lissage brésilien.
Facteurs aggravants et populations à risque
Certaines personnes présentent une vulnérabilité accrue face aux risques du lissage brésilien. Les individus souffrant de maladies rénales préexistantes, même mineures, sont particulièrement exposés. De même, les personnes diabétiques ou hypertendues doivent faire preuve d’une prudence extrême.
L’âge constitue également un facteur de risque. Les reins des personnes âgées filtrent moins efficacement les toxines, favorisant l’accumulation d’acide oxalique. À l’inverse, les jeunes adultes semblent mieux résister aux effets toxiques, bien qu’aucune tranche d’âge ne soit totalement épargnée.
Les femmes enceintes représentent une population particulièrement vulnérable. Non seulement elles risquent de développer une insuffisance rénale, mais l’exposition aux substances chimiques peut également affecter le développement fœtal. Les risques du lissage brésilien pendant la grossesse incluent des malformations congénitales et des complications obstétricales.
Surveillance médicale et complications obstétricales
La question des complications obstétricales liées aux risques du lissage brésilien préoccupe de plus en plus les professionnels de santé. Les substances chimiques utilisées dans ces traitements peuvent traverser la barrière placentaire et affecter le fœtus en développement.
Plusieurs études suggèrent un lien entre l’exposition aux agents lissants pendant la grossesse et l’augmentation du risque de fausses couches spontanées. Les femmes ayant subi un lissage brésilien au cours du premier trimestre semblent particulièrement exposées à ces complications.
Par ailleurs, l’exposition maternelle aux produits chimiques peut altérer le développement du système rénal fœtal. Les bébés nés de mères exposées présentent parfois des anomalies rénales mineures qui peuvent évoluer vers des pathologies plus graves à l’âge adulte.
La surveillance médicale renforcée s’impose donc pour toutes les femmes enceintes ayant eu recours au lissage brésilien. Des examens réguliers de la fonction rénale, des échographies obstétricales fréquentes et un suivi spécialisé permettent de détecter précocement d’éventuelles complications.
Autres dangers méconnus du lissage brésilien
Au-delà des risques rénaux du lissage brésilien, d’autres dangers menacent la santé des utilisateurs. Les réactions allergiques cutanées comptent parmi les effets indésirables les plus fréquents. Rougeurs, démangeaisons, œdème du visage et du cou peuvent survenir dans les heures suivant l’application.
Les problèmes respiratoires constituent également une préoccupation majeure. L’inhalation des vapeurs dégagées lors du chauffage des produits peut provoquer des irritations des voies respiratoires. Toux, difficultés respiratoires et sensation d’oppression thoracique sont régulièrement rapportées.
Certains produits contiennent encore du formaldéhyde ou du formol, substances classées comme potentiellement cancérigènes par plusieurs organismes de santé internationaux. L’exposition répétée à ces composés augmente théoriquement le risque de développer certains cancers, notamment des voies respiratoires supérieures.
Les dommages capillaires ne doivent pas être négligés non plus. L’action corrosive de l’acide glyoxylique altère durablement la structure du cheveu. Les écailles de la cuticule s’ouvrent excessivement, provoquant une déshydratation intense et une fragilisation de la fibre capillaire.
Impact sur les professionnels de la coiffure
Les coiffeurs et les esthéticiens constituent une population particulièrement exposée aux risques du lissage brésilien. Leur exposition professionnelle quotidienne aux vapeurs chimiques et aux résidus de produits multiplie les dangers pour leur santé.
Plusieurs cas de maladies professionnelles ont été rapportés chez des coiffeurs pratiquant régulièrement des lissages brésiliens. Asthme professionnel, dermatites de contact chroniques et troubles respiratoires représentent les pathologies les plus fréquemment observées.
La protection individuelle reste insuffisante dans de nombreux salons. Port de gants, utilisation de masques filtrants et ventilation adéquate des locaux constituent pourtant des mesures indispensables pour limiter l’exposition aux substances toxiques.

Recommandations des autorités sanitaires
Face à l’ampleur des risques du lissage brésilien, les autorités sanitaires françaises ont pris des mesures préventives fortes. L’Anses, la Direction générale de la santé (DGS) et la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) déconseillent formellement l’utilisation de produits contenant de l’acide glyoxylique.
Cette recommandation s’adresse aussi bien aux professionnels qu’aux particuliers. Les salons de coiffure sont invités à suspendre immédiatement l’utilisation de ces produits en attendant les conclusions définitives de l’expertise en cours. De leur côté, les commerces de produits cosmétiques sont encouragés à retirer ces articles de leurs rayons.
L’Académie nationale de médecine appuie cette position en soulignant que les bénéfices esthétiques du lissage brésilien ne justifient en aucun cas les risques sanitaires encourus. Elle recommande aux professionnels de santé d’interroger systématiquement leurs patients sur leurs habitudes cosmétiques lors des consultations.
Pour les personnes ayant récemment subi un lissage brésilien, une surveillance médicale s’impose. Tout symptôme évocateur d’insuffisance rénale (diminution des urines, œdèmes, fatigue inexpliquée) doit motiver une consultation en urgence.
Alternatives plus sûres
Heureusement, des alternatives existent pour obtenir des cheveux lisses sans s’exposer aux risques du lissage brésilien. Les techniques de lissage sans acide glyoxylique se développent rapidement, utilisant des ingrédients naturels comme les protéines de soie ou la kératine purifiée.
Les traitements à base de tanins végétaux offrent également de bons résultats avec un profil de sécurité nettement supérieur. Ces substances d’origine naturelle permettent de discipliner les cheveux sans pénétrer profondément dans l’organisme.
Les méthodes mécaniques traditionnelles, bien que moins durables, restent les plus sûres. Brushings, défrisage au fer et techniques de coiffage permettent d’obtenir des cheveux lisses temporairement sans aucun risque chimique.
En conclusion, les risques du lissage brésilien ne peuvent plus être ignorés. L’insuffisance rénale aiguë, la formation de cristaux d’oxalate et les autres complications observées imposent une révision complète de cette pratique esthétique. En attendant des réglementations plus strictes, la prudence doit prévaloir sur les considérations esthétiques.